EDITO du dimanche 19 novembre

 Le film « L’abbé Pierre » a du succès dans les cinémas en ces jours, comme l’abbé a été aimé en ses jours. Plus que ses choix et déclarations politiques, c’est son engagement tenace et atypique pour les pauvres qui suscite encore aujourd’hui l’admiration et la sympathie.

« Les pauvres, vous les aurez toujours parmi vous ! », cette prophétie de Jésus ne peut pas être comprise de façon à justifier une possible indifférence vis-à-vis de nos frères pauvres. Plutôt le contraire : l’Eglise, chacun de nous et la société entière aura toujours le devoir de venir en aide à chaque être humain dans le besoin. La Journée mondiale des pauvres est une belle occasion de rappeler des vérités de base : la création a été confiée à chaque être humain sans distinction. Ses richesses sont pour tous. La « propriété privée » serait mieux nommée « administration ou gestion privée d’un bien », car le seul propriétaire de chaque chose qui existe est Dieu.

Nous sommes tous témoins que non seulement la pauvreté mais aussi la misère augmentent dans notre ville, en France et dans le monde entier pendant que les contrastes avec les plus riches continuent à s’accentuer. (Une chef d’entreprise multinationale vient d’encaisser une prime de 13 millions d’euro car cela a été une année difficile pour elle et sa boîte … la pauvre.)

Des paroissiens de St Jean Apôtre cachent leurs larmes d’une vie précaire. Des écoles de notre quartier St Jean accueillent des enfants avec leurs tupperwares vides pour le déjeuner ou le goûter. Dans nos rues bordelaises, des frères fouillent dans les poubelles.

L’Etat n’est plus capable de répondre à tous les appels d’aide et laisse les associations se débrouiller. Les numéros d’urgence sont saturés…

Que faire ? C’est vrai que seuls, nous ne pourrons pas résoudre toute la misère du monde. C’est ce que Jésus voulait dire en rappelant que les pauvres seront toujours parmi nous. Mais Jésus nous appelle à garder le cœur ouvert et à toujours compatir vis-à-vis du frère pauvre, à ne jamais se laisser vaincre par l’indifférence ou l’égoïsme. Jésus nous invite à savoir partager avec générosité en écoutant l’Esprit Saint dans la petite voix de notre conscience. Sainte Mère Thérèsa de Calcutta y ajoutait : « until it hurts ! » (jusqu'à ce que ça fasse mal). Soyons des abbés Pierre à notre taille !

Père Benoît