Homélie du père Benoît - Dimanche 03 septembre 2023

installation Père Benoit-13

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Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église !

Sacré Cœur de Bordeaux, 3 septembre 2023

Il y a une semaine, Jésus déclarait dans l’Evangile : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonah :

ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ! »

Ce dimanche-ci. Jésus dit à Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute : tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » 

Mais que s’est-il passé en une semaine pour changer si radicalement de ton ? D’abord Jésus déclare Simon Pierre heureux. Il l’appelle rocher et promet de construire son église sur lui. Il dit que Pierre est inspiré par Dieu le Père.

Mais à peine une semaine plus tard, Jésus appelle ce même Simon Pierre : Satan … que ses pensées ne sont pas celles de Dieu.

Qu’est ce qu’y s’est passé ? ( Dimanche dernier Jésus était encore en vacances au Cap Ferret, sur le bassin d’Arcachon et aujourd’hui il a du revenir en ville pour la rentrée et il vide son sac de frustrations sur le dos de Pierre ? )

Est-ce que Jésus a changé d’avis ? Est-ce qu’il retire sa promesse ? Est-ce qu’il change à nouveau le nom de Simon : Simon Satan à la place de Simon Pierre ?

Ou est-ce que Jésus va prendre le risque de construire son église sur Satan … ?

Biensur que non ! Non, rien de tout ça. Les deux évangiles gardent la fidélité au plan de Dieu. Aujourd’hui il s’agit simplement d’une correction fraternelle mais une qui est très forte. Une correction pour secouer et former le premier pape de manière infaillible en ce qui concerne la grande question de la souffrance. Comme chacun de nous, Pierre veut faire tout son possible pour éviter la souffrance, pour lui-même et pour Jésus, son maître qu’il aime de tout son cœur.

C’est humain et c’est bon et louable de chercher à éviter la souffrance d’autrui ou d’apaiser, diminuer la douleur. Pouvons-nous suffisamment remercier le travail jour et nuit des médecins, infirmières, aides-soignantes et de tant de personnes dévouées ?

Mais la douleur, la souffrance, ont aussi une dimension surnaturelle et divine. Il n’y a pas de plus grand amour que celui de donner sa vie pour ses amis. Et donner sa vie implique le sacrifice. Donner sa vie peut aller de donner tout son temps et tous ses moyens à la personne qu’on aime en supportant avec une patience sans fin les côtés désagréables de cette personne. Il s’agit déjà d’un amour énorme.

Mais si on supporte par amour des souffrances physiques, des maladies, des tortures, existe-t-il une autre manière pour montrer un amour encore plus grand et plus fort ?

En bref, pourriez-vous trouver une autre manière, une autre façon pour montrer un amour plus grand que celui de Jésus dans sa passion et sa croix ? ( En tout cas ce n’est pas en donnant des millions d’euros, de l’or, de diamants, de voyages, de bouquets de fleurs, de caresses, bisous ou de textos plein de petits cœurs, qu’on y arrivera à montrer un amour plus grand … )

Et ce que Pierre essaie de faire, c’est d’empêcher Jésus d’accepter librement sa passion par amour pour nous. C’est d’empêcher Jésus de réaliser le sacrifice de réconciliation entre son Père et l’humanité déchue. La voix de Pierre devient une tentation pour Jésus bien que Pierre l’ait dit avec une bonne intention, par amour pour Jésus. Mais c’est une vision encore trop humaine et naturelle. Pas surnaturelle.

Imaginez-vous si Jésus avait suivi les propos de Pierre ? Nous ne serions pas réunis ici dans une église et encore moins pour y célébrer l’Eucharistie. Nous serions des vagabonds sans l’espoir dans le Ciel, sans la consolation du pardon de nos péchés. Horrible. Si Jésus avait suivi les propos de Satan, notre vie serait l’enfer.

Nous ne devons pas chercher la souffrance ou la douleur dans notre vie bien que des petits sacrifices choisis et réalisés par amour grandissent notre cœur et nos vertus. Nous, catholiques, nous ne sommes pas des doloristes qui se réjouissent dans la douleur sans amour. Les Chrétiens ont fondé les hôpitaux et fait avancer la médecine et les soins. Mais si la souffrance frappe à la porte de notre vie, si la médecine et les autres sciences arrivent à leurs limites et ne réussissent plus, comme Pierre, de nous empêcher de souffrir, alors nous avons le choix d’accepter la maladie, la souffrance ou les douleurs comme la croix de Jésus. De porter avec amour notre croix. Cette identification avec Jésus est la source la plus abondante de grâces. Elle dépasse de loin nos milliers de prières vocales et nos millions de bougies ou cierges allumés devant les statues de nos saints. Elle dépasse même nos heures d’adoration nocturnes.

Pierre a compris la leçon. Lui-même a donné sa vie dans l’amphithéâtre à Rome, crucifié comme son maître mais la tête en bas. La communauté chrétienne de Rome a connu une croissance exponentielle par le nombre de conversions.

Jeudi 14 septembre, notre archevêque, Mgr James, viendra célébrer la Messe pour la fête de la sainte Croix glorieuse. Que la Parole de Dieu de ce dimanche nous prépare à aimer la croix, à ne plus avoir peur de la croix. A aimer la croix, pas seulement comme un beau petit bijou si important sur la poitrine, mais comme cette capacité de porter les douleurs avec amour.

Amen.





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