Homélie du père Benoît - Dimanche 05 mars 2023

installation Père Benoit-13

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Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Elie.

Sacré Cœur, St Jean de Belcier, 5 mars 2023

« Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Elie. »

Je garde de très bons souvenirs de mon enfance quand à un certain âge, on a demandé aux parents de pouvoir dormir une nuit seuls sous une tente dans le jardin. C’était toute une aventure et il y avait de la peur à vaincre. Après avoir bien trouvé sa place dans un sac de couchage, on a essayé de s’endormir mais on a commencé à entendre toutes sortes de bruits et de s’imaginer tous les dangers possibles, du sanglier au voleur qui s`approcherait. Et puis mes parents s’amusaient à imiter le cri des hiboux et plus tard, une fois qu’on était endormis, ils déroulaient le tuyau d'arrosage pour arroser la tente et nous donner l’impression qu’on avait même enduré une nuit de pluie.

On s’amusait chez les DEVOS. Chez les Juifs on s’amuse aussi. Chaque année en octobre, ils célèbrent la Souccot, la grande fête joyeuse de 7 jours, appelée aussi la fête des cabanes ou des tentes pour commémorer l’assistance divine pendant l’exode et leur marche dans le désert, et pour rendre grâce aussi pour la récolte. Pendant cette fête, les Juifs devraient faire du camping et vivre dans une cabane ou une tente construite dans leur jardin ou devant leur maison pour faire mémoire de leur séjour de 40 ans dans le désert en vivant sous des tentes. Le livre de Lévitique prescrit : « Vous demeurerez dans des Souccots durant sept jours ; tout indigène en Israël demeurera sous la tente. » (Lévitique 23, 42)

Le jour où Jésus décide de monter sur la montagne Thabor pour prier en invitant Pierre, Jacques et Jean, est le dernier jour de la fête des Souccots, des tentes. C’est pour cela que Pierre est très logique en proposant de construire 3 tentes avec le désir de prolonger cette théophanie. Dieu a donné à ces 3 apôtres un avant-goût du ciel, comment ne pas vouloir y rester ?

Comme au moment du baptême de Jésus, la sainte Trinité se révèle à nouveau : le Père par sa voix d’en haut (Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le !) ; le Fils qui est toute lumière et l’Esprit Saint par la nuée lumineuse. Jésus, le Fils qui avait dit : « Je suis la lumière. Je suis la lumière du monde. »

Dans la vision, Moïse et Elie s’entretiennent avec Jésus sur son exode. Jésus est le nouveau et vrai Moïse qui va quitter cette terre pour passer par la Mer Rouge de sa passion et sa mort, et pour entrer dans la terre promise qui est le Ciel. Moïse et Elie représentent la loi et les prophètes qui témoignent que Jésus est le Messie.

Mais Dieu a donné cette vue du futur aux apôtres, non pas pour y rester, non pas pour prolonger une expérience mystique mais comme aide, pour les préparer à affronter la passion et la mort de leur maître et Seigneur. Le Jeudi saint Jésus invitera les mêmes 3 apôtres à l’accompagner sur une autre montagne, le mont des oliviers pour y entrer en agonie. Là, à Gethsémani, il n’y aura pas de rayons de lumière qui sortiront de Jésus mais seulement des gouttes de sang, d’angoisse et de peur. La divinité de Jésus sera si cachée sous la misère humaine que les apôtres auront du mal à garder la foi pourtant professée par Pierre : « Tu es le Messie, le Fils de Dieu. Tu as les paroles de vie éternelle. »

Grâce à cette expérience de la transfiguration, les apôtres vont se souvenir et revenir lentement après avoir pris la fuite par peur.

Le carême pour nous est d’accompagner Jésus, comme les apôtres, sur son chemin de montée vers Jérusalem pour y donner sa vie à Pâques.

A quelques mois du décès du Pape Benoît XVI concluons en écoutant son dernier enseignement avec les leçons pratiques pour notre vie de chaque jour de cet évangile.

Je cite : « En méditant ce passage de l’Evangile, nous pouvons tirer un enseignement très important. Tout d’abord, la primauté de la prière, sans laquelle tous les efforts d’apostolat et de charité se réduisent à de l’activisme. En ce Carême, apprenons à donner le temps qu’il faut à la prière, personnelle et communautaire, qui donne du souffle à notre vie spirituelle. Par ailleurs, prier n’est pas s’isoler du monde et de ses contradictions, comme Pierre aurait voulu faire sur le mont Thabor, la prière remet sur le chemin, ramène à l’action. « L’existence chrétienne consiste en une ascension continue du mont de la rencontre avec Dieu pour ensuite redescendre, en portant l’amour et la force qui en dérivent, de manière à servir nos frères et sœurs avec le même amour que Dieu » (n. 3).

Chers frères et sœurs, cette parole de Dieu, je sens qu’elle s’adresse à moi tout particulièrement en ce moment de ma vie. Le Seigneur m’appelle à « monter sur la montagne », à me consacrer encore plus à la prière et à la méditation. Mais cela ne signifie pas abandonner l’Eglise ; en fait si Dieu me le demande, c’est précisément pour que je puisse continuer à le servir, avec ce même dévouement et ce même amour dont j'ai fait preuve jusqu’à présent, mais de manière plus adaptée à mon âge et à mes forces. Prions l’intercession de la Vierge Marie : qu’elle nous aide tous à suivre toujours le Seigneur Jésus, dans la prière et la charité active. »





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