Homélie du père Benoît - Dimanche 10 septembre 2023

installation Père Benoit-13

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« Je fais de toi un guetteur pour la maison d’Israël. »

Ste Croix, st Michel, 10 septembre 2023

« Je fais de toi un guetteur pour la maison d’Israël. » ainsi le prophète Ezéchiel a été appelé par Dieu. Mais Dieu appelle aujourd’hui chacun de nous de la même manière : « Je fais de vous des guetteurs pour le monde actuel. » Des guetteurs, ces personnes tout en haut d’une tour, comme notre flèche de st Michel, qui scrutent l’horizon pour s’assurer qu’il n’y a pas d’ennemis qui s’approchent de la ville. Ou des guetteurs sur un navire, tout en haut du mât, chargés de l'observation de la mer. Ils doivent obligatoirement dire tout ce qu'ils voient ou entendent, les belles choses mais surtout les dangers, et doivent en informer le capitaine.

Les Pères de l’Eglise présentent l’église justement comme un navire. Une barque qui a comme capitaine l’apôtre Saint Pierre, le premier Pape. Aujourd’hui c’est le Pape François qui dirige la barque, qui tient la barre dans ses mains. Nous tous, nous sommes appelés à être des guetteurs, à monter en haut des mâts de la société actuelle. Cela veut dire être attentifs à ce qui se passe autour de nous, attentifs aux signes du temps. Jésus nous oblige à observer tout ce que nous voyons ou écoutons, le bien et le mal. Le contraire de vivre totalement centrés sur nous- mêmes isolés des autres dans un cocon, ou de vivre totalement centrés sur notre téléphone ou sur un autre écran en ayant les oreilles bouchées en permanence par un casque ou des oreillettes …

Pas seulement l’église, mais toute l’humanité, nous sommes devenus comme les passagers et le personnel de bord d’un seul navire. En ce mois de septembre, mois de prière pour la sauvegarde de la création, notre maison commune, nous sommes toujours plus conscients que nous passons par les mêmes tempêtes, les mêmes pandémies et les mêmes canicules ou intempéries. ( seuls les tremblements de terre ne sont pas encore universels… )

Pour cela nous partageons une responsabilité les uns envers les autres. Pour cela Jésus invite aussi à la correction fraternelle, je dis bien fraternelle (pas la correction belle-mère, belle-fille … ) : si le comportement mauvais d’un équipier fait des dégâts au bateau, nous avons le devoir de l’en empêcher et de le corriger pour éviter des fuites et que notre bateau coule ! (une caricature qui circule : un petit bateau-mouche en bois avec des places pour les touristes; on voit les touristes acheter leur ticket et prendre leur place; bien loin du rivage, un touriste se met debout, sort sa perceuse et commence à percer un trou là où est sa place; tous les autres touristes se jettent sur lui pour l’en empêcher mais il dit : c’est ma place que j’ai payée chère, donc je fais ce que je veux … voici la mentalité actuelle et une correction fraternelle : beh, non, tu ne feras pas ce que tu veux, tu ne feras pas le mal ! … )

Le comportement mauvais d’un équipier fait aussi du mal à lui-même. Faisant le mal, l’être humain ne peut pas trouver le bonheur car il est créé pour faire le bien. Saint Paul vient de nous le dire : « Votre seule dette est celle de l’amour mutuel. L’amour ne fait rien de mal au prochain. »

Si l’on aime vraiment quelqu’un, on cherche le meilleur pour lui, on essaie de l’aider pour qu’il devienne la meilleure personne possible. Pour les parents qui aiment leurs enfants, éduquent leurs enfants et doivent les corriger pour leur propre bien, parfois une juste punition est le dernier recours.

Par contre, ces parents très à la mode aujourd’hui, qui systématiquement prennent la défense de leur petit « ange » vis-à-vis des méchants éducateurs, instituteurs et directeurs d’école qui n’ont rien compris et qui ont osé corriger leur petit bonhomme parfait ou surdoué : ces parents font beaucoup de tort à leur enfant. (j’ai dit systématiquement, car il y a toujours des exceptions, les profs ne sont pas infaillibles … )

Pas facile la correction fraternelle qui exige une intention pure et une grande confiance mutuelle : la seule chose que je cherche c’est le bien de mon frère et de la communauté. Ce n’est pas juger la personne ou les intentions de la personne qui a fait du mal, ce n’est pas un moment de revanche, pas plus que chercher sa propre justice, régler ses comptes ou lâcher la vapeur de ses propres agacements. Non. Pas du tout.

Un premier pas, c’est se parler face à face, calmement, discrètement, sans passion mais avec douceur et compassion. Comme nous avons peur de nous parler franchement ! (le curé le premier) Mais pourquoi avoir peur, pourquoi pas d’abord se parler et surtout s’écouter ? Ah, l’écoute ! tant de conflits pourraient se résoudre si nous apprenions à nous écouter, mais vraiment écouter : essayer de comprendre l’autre !

Jésus nous dit dans l’Evangile : « si deux d’entre vous se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père car quand 2 ou 3 sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. » C’est pour cela que nous devons faire appel à 1 ou 2 témoins ou à toute la communauté si un frère persiste dans le mal, s’il refuse d’écouter et de se corriger. C’est pour assurer la présence de Jésus ressuscité avec sa miséricorde. Mettons-nous donc d’accord pour demander les conversions nécessaires, car Jésus nous promet que nous les obtiendrons du Père.

Ne laissons pas le concept et la mission de guetteurs aux banlieues du trafic de drogue mais soyons, nous, les baptisés, de vrais guetteurs de l’aube, des sentinelles d’espérance pour nos frères et sœurs dans un monde qui meurt par manque d’espérance.

Jésus est vivant, Il nous a déjà sauvés.

Amen.

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