Homélie du père Benoît - Dimanche 18 septembre 2022

installation Père Benoit-13

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On a du mal avec cet évangile !

Ste Croix, St Michel, Bordeaux 18 septembre 2022

Un gérant malhonnête loué par Jésus ? Un manager fraudeur qui escroque son maître mis en avant comme exemple à suivre par Jésus ? Cet évangile nous surprend et nous met mal à l’aise. On a du mal avec cet évangile !

Oui, l’administrateur est vraiment malhonnête. Mais Jésus ne fait pas l’éloge de sa malhonnêteté mais de son habileté. Jésus veut nous provoquer, nous réveiller : soyez purs, simples, oui, honnêtes comme des colombes, mais rusés comme des serpents !

Jésus appelle les gens malhonnêtes des fils de ce monde ou des ténèbres, en contradiction avec les fils de la lumière, les gens honnêtes. Mais Il ne comprend pas pourquoi les fils de ce monde sont plus rusés, plus habiles que les fils de la lumière.

Le baptême ne veut pas faire de nous des imbéciles ou des bonnes poires ! Dieu nous a donné une intelligence à utiliser. Mais à utiliser pour le bien. Des grands saints ont été très rusés dans leur mission de charité. ( Deux messieurs étaient venu visiter Don Bosco avec l’intention de le faire interner à l’asile psychiatrique de Turin. Ils invitèrent Don Bosco à les accompagner gentiment pour une promenade dans la nature en calèche pour parler de projets. Don Bosco, informé par un tiers ou l’Esprit Saint de leur mauvaise intention, laissa monter les messieurs d’abord comme la politesse l’exige. Une fois les messieurs ayant pris place, Don Bosco claqua la porte de la calèche en criant l’ordre au conducteur : « Déposez-les à l’asile ! » )

Notre vie de chrétien sur terre se déroulera toujours sous cette tension entre la colombe et le serpent, entre la vie terre à terre comme le serpent, rusé, et entre notre destination finale vers le haut, vers le ciel comme la colombe, pour être prêt à donner sa vie comme la colombe, animal des sacrifices. Le Christ ne se laisse pas crucifier par faiblesse. Il a dit : « Ma vie, personne ne me la prend, c’est moi qui la donne » Il le fait volontairement, avec intelligence, il sait pourquoi il le fait.

Toute la vie de Jésus est un don. Mais donner n’est pas se laisser prendre. Donner ce n’est pas se laisser plumer. Jésus ne dit pas : « Si on te frappe sur la joue gauche, laisse-toi frapper sur la droite en plus », mais « tends la joue droite ». La vertu du Chrétien est active. La mollesse et la faiblesse ne sont pas constructives. Mais la naïveté, ça se soigne, avec l'expérience...

Quand Jésus parle d’argent dans l’évangile de ce dimanche, Il l’associe toujours à l’adjectif « malhonnête » : l’argent malhonnête. Mais en même temps, Jésus nous invite à l’utiliser pour faire le bien. L’argent est un moyen et doit rester un moyen, jamais se transformer en finalité ou pire en idole, en Mammon.



L’argent est comme le fumier : accumulé en tas de fumure, ça sent mauvais et ça pourrit, mais répandu sur les champs, bien étalé et distribué, le fumier comme l’argent enrichit la terre, fertilise les plantes, nourrit des bouches et donne beaucoup de fruit. Un chrétien comme chaque être humain a besoin d’argent mais reste détaché. Il sait investir et distribuer généreusement autour de soi.

Nos jeunes cathos pleins d’ambition pour avoir une place dans les meilleures écoles de commerce : quelle est leur motivation ? Devenir des pros pour multiplier des tas de fumier bien sophistiqués ou devenir des spécialistes de la distribution et répartir les richesses pour le bien commun de tous ?

Jésus va plus loin et regarde plus haut. Il nous invite à utiliser l’argent et les richesses avec intelligence et habileté pour se faire des amis mais des amis qui nous accueilleront dans les demeures éternelles, dans le ciel, le jour où il n’y aura plus d’argent. C’est le ciel, la vie éternelle, que Jésus appelle le bien véritable. Et ce bien véritable restera inaccessible à ceux qui n’ont pas été dignes de confiance dans la gestion des richesses terrestres et temporelles. Donc pas de bonheur éternel pour les managers escrocs.

Un disciple de Jésus doit prendre une décision fondamentale entre Dieu et Mammon, entre la logique du profit comme ultime critère d’action et la logique du partage et de la solidarité.

La logique du profit augmente les inégalités entre les pauvres et les riches et accélère une exploitation ruineuse de la planète. La logique du partage et de la solidarité, au contraire, rend possible de corriger le tir et de l'orienter vers un développement équitable et durable pour le bien commun de tous.

Au fond, il s'agit de la décision entre l'égoïsme et l'amour, entre la justice et la malhonnêteté, en définitive entre Dieu et Satan.

Le vrai et ultime but de notre existence, notre vrai bonheur est l’amour pour Dieu et pour nos frères. Aujourd'hui comme hier, la vie du chrétien exige le courage d'aller à contre-courant, le courage face à des renoncements radicaux. Savoir aimer comme Jésus, qui est allé jusqu'au sacrifice sur la croix.

Il y a des personnes qui sont si pauvres, si pauvres que la seule chose qu’elles possèdent est l’argent …

Loin de nous ces nouveaux pauvres ! Soyons plutôt riches, riches en amour et bonnes œuvres.

Amen.

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