Homélie du père Benoît - Dimanche 22 janvier 2023

installation Père Benoit-13

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Le pays de Zabulon et le pays de Nephtali, le peuple qui marchait dans les ténèbres, a vu se lever une grande lumière. » Vous souvenez-vous de cette lecture ?

Bordeaux, ste Croix, st Michel, 22 janvier 2023

« Le pays de Zabulon et le pays de Nephtali, le peuple qui marchait dans les ténèbres, a vu se lever une grande lumière. » Vous souvenez-vous de cette lecture ?

Nous l’avons entendue ici peu, pendant la Messe de Noël.

Aujourd’hui, la voici répétée deux fois : dans la première lecture du prophète Isaïe et dans l’Evangile de saint Matthieu. Ce sont qui ou quoi ce Zabulon et Nephtali ?

Non, ce ne sont pas des noms de savons ou de parfums mais les noms de deux fils de Jacob Israël, deux des douze fils, deux des douze tribus d’Israël. Les tribus de Zabulon et de Nephtali avaient reçu en héritage des petites régions de la Terre Promise : la région autour de Nazareth et la région autour de Capharnaüm, habitats de Jésus.

L’évangéliste Matthieu, que nous lisons cette année, écrit pour les Juifs et il leur explique tous les passages et les prophéties de l’Ancien Testament qui ont été accomplis en Jésus. Les habitants des pays de Zabulon et Nephtali marchaient dans les ténèbres parce qu’ils étaient les premiers à être écrasés et déportés par les envahisseurs venant du nord. Mais une grande lumière s’est levée et cette lumière est Jésus le Christ qui a dit de lui-même : « Je suis la lumière du monde. »

C’est dans ces pays de Zabulon et Nephtali que Jésus a commencé sa mission en appelant ses premiers disciples. Il appelle André, Simon Pierre, Jean et Jacques, pas dans le temple ou dans la synagogue pendant qu’ils prient mais Jésus vient à leur rencontre en plein travail, pendant qu’ils réparent leurs filets et leurs forces après une nuit de pêche. Il les élève au rang de pêcheurs d’hommes. Dans notre vie c’est pareil. C’est dans notre vie de chaque jour, au milieu de notre devoir d’état, entre les poêles et les casseroles, entre les livres ou les écrans, dans le tram ou pendant les embouteillages : Jésus vient à notre rencontre aux rivages de notre vie et Il nous appelle. Il nous appelle tout le temps. Chacun à sa manière. Pas tous avec la même radicalité mais nous avons tous une mission unique et irremplaçable dans le royaume de Dieu. Je pense à ce beau chant « Je suis un gourmand d’amour » https://www.youtube.com/watch?v=17FZMn2v058,

qui présente la mission d’un enfant atteint de trisomie 21 : je suis un gourmand d’amour. Je suis là pour inviter mes frères et sœurs à me donner de l’amour et partout autour d’eux. Je suis là pour témoigner de l’innocence et de la joie de Dieu.

En 2023, Jésus nous appelle nous aussi à devenir des pêcheurs d’hommes  : à rassembler tous nos frères et sœurs dans le grand filet qui est l’Eglise pour les délivrer, les faire sortir des eaux salées, troubles et polluées, et les faire entrer dans les eaux douces et cristallines du Saint Esprit de notre baptême. Dans le silence de notre cœur, Jésus passe et peut nous appeler à donner une nouvelle dimension à notre vie, une nouvelle profondeur, plus de plénitude. Il peut nous appeler à sortir de nos zones de confort, de notre rythme vélo, boulot, dodo.

Jésus a commencé sa mission publique en appelant à la conversion. Dans la deuxième lecture, Saint Paul aussi appelle à la conversion. Il met toute sa rhétorique et sa force en jeu pour sauver ou rétablir l’unité dans l’église qui était à Corinthe, une ville cosmopolite et multiraciale. La première communauté chrétienne de Corinthe est menacée par des rivalités, par la médisance et la jalousie, par des favoritismes.

Plusieurs membres éminents commencent à prêcher pour leur propre chapelle. « Moi, j’appartiens à Paul ou moi j’appartiens à Pierre ou à un autre. » Pour nous, prêtres, arrivant sur les clochers de ste Croix et st Michel, ça été une grande joie de ne pas avoir trouvé ces petites chapelles chacun pour soi : moi je suis de st Michel ou moi je suis de ste croix ; moi je suis du Chemin Neuf ou moi je suis du Regnum Christi ; moi je suis du côté du curé ou moi je suis du côté de la sacristine ; moi je suis pour la communion sur le X et moi je suis pour la communion sur le Y ; moi je suis pour le Pape A et moi je suis pour le Pape B. Seigneur, garde-nous loin de tout ça !

En cette semaine de prières pour l’unité des Chrétiens, saint Paul nous rappelle : le Christ est-il donc divisé ? Il y a un seul baptême, une seule foi, un seul Seigneur. Avec Jésus nous formons un seul corps. Oui nous formons les pierres vivantes d’une seule église. L’exposition dans notre basilique « Pierres vivantes » est providentielle. Les pèlerins et touristes témoignent de leur enthousiasme : les versets de la Bible, de la Parole de Dieu (aujourd’hui c’est le dimanche de la Parole de Dieu) illustrés par le visage d’un frère ou une sœur chrétienne sur les photos maxi taille, donnent comme un souffle de vie, un souffle d’Esprit Saint à la basilique. Les pierres de la basilique commencent à parler par les visages et par la Parole de Dieu.

Nous savons comme c’est difficile de vivre et de garder l’unité. Rompre l’unité, casser quelque chose est très facile et très rapide. Mais réparer, guérir l’unité exige beaucoup d’efforts et beaucoup de temps. ( Ce que l’âne ne fait jamais, c’est-à-dire se heurter deux fois à la même pierre, le curé l’a fait en tombant deux fois en 3 semaines de son vélo : une chute et les blessures arrivent très facilement de manière immédiate. Mais combien de temps et de patience pour guérir et se remettre en bon état !!)

Prions, supplions cette semaine pour le don de l’unité. La tunique sans couture de Jésus a été déchirée en morceaux par nos péchés. Les divisions entre les Chrétiens, les divisions dans l’Eglise sont un scandale. Dans son testament, le soir avant de mourir sur la croix, Jésus a supplié pour que tous ses amis soient un comme lui et le Père sont UN pour que le monde puisse croire que Jésus a été envoyé par le Père.

Seuls, nous ne pouvons pas rétablir l’unité. C’est un don de Dieu. Un don à demander.

En même temps, l’unité sera toujours un fruit de la conversion. L’unité intérieure de notre cœur, l’unité dans nos familles, l’unité dans notre paroisse, dans notre société, dans l’église et dans le monde.

A partir de ce moment, Jésus commença à proclamer : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. »

Amen.

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