Homélie du père Benoît - Dimanche 26 mars 2023

installation Père Benoit-13

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Même si un mort devait retourner à la vie pour nous dire ce qu’il se passe après la mort, si les gens ne croient pas à Moïse et aux prophètes, non, ils ne croiront pas non plus à cette personne !

Ste Croix à Bordeaux, 26 mars 2023

Au début du carême, nous avons entendu les paroles de Jésus vis-à-vis de l’incrédulité : « Même si un mort devait retourner à la vie pour nous dire ce qu’il se passe après la mort, si les gens ne croient pas à Moïse et aux prophètes, non, ils ne croiront pas non plus à cette personne ! »

Aujourd’hui, en nous approchant de Pâques, l’Evangile nous en donne la preuve.

Pendant le carême, de semaine en semaine, dans les lectures de l’Evangile la tension monte entre Jésus et les autorités religieuses de son époque. Comme la tension sociale actuelle. Dans un film, quand la tension monte, c’est surtout la musique qui suscite cette tension. Jésus se présente de façon plus directe, avec de moins en moins de camouflage comme Fils de Dieu, au même niveau de Dieu. Et la réponse des pharisiens et des scribes est de plus en plus hostile et fermée : aucune foi dans les paroles de Jésus, aucun amour envers Jésus mais au contraire de plus en plus de haine.

Jésus ne se laisse pas décourager, et cherche à toucher leurs cœurs endurcis et aveuglés. Il fait tout son possible pour convaincre par des signes, des miracles de plus en plus spectaculaires et évidents (donner la vue à l’aveugle né, etc.). Son désir le plus intime est que tous les hommes se laissent sauver par la foi en sa personne.

En redonnant la vie à son ami Lazare, Jésus réalise son signe ultime, ultimate miracle.

Lazare sort du tombeau et pourtant les cœurs les plus endurcis ne croient toujours pas, ils restent aveugles et fermés devant l’évidence. Pire, leur haine s’accentue encore et ce signe ultime de Jésus devient sa condamnation à mort : ils décident à partir de ce moment-là, à Béthanie, d’éliminer Jésus, de le tuer. Sa seule présence est devenue intolérable pour ceux qui prêchent la tolérance.

Jésus pourrait-t-il faire plus? Si la confrontation de l’Amour face au mal ne fonctionne pas, il ne lui reste plus qu’à assumer le mal, prendre le mal sur lui, prendre la croix sur ses épaules et mourir avec le mal. Jésus portera le mal et la mort avec lui dans le tombeau pour toujours mais lui en sortira en ressuscitant à la vie éternelle, dans l’amour qui ne connaît pas de limite. C’est pour cela que Jésus ne dit pas à Marthe et Marie : « Je vais redonner la vie à Lazare. » mais il dit : « Je suis la résurrection. ». Il est Dieu et il le prouve.

En même temps, Jésus reste totalement humain, tellement humain. Contemplons son amitié avec Marthe, Marie et Lazare. Jésus pleure trois fois de suite car l’émotion devient trop forte. Dieu pleure. Nous avons un Dieu compatissant. Oui, Dieu pleure aussi pour tous les morts d’aujourd’hui : dans les tranchées des nombreuses guerres un peu partout sur notre planète, dans nos hôpitaux et nos Ehpad, sur nos routes.

Tant d’hommes et de femmes aujourd’hui aussi, disent la même prière face à la mort d’un être cher « Jésus, si toi, tu avais été présent, alors notre cher ami, notre papa, notre maman, notre enfant, ne serait pas mort. Mon Dieu, pourquoi es-tu parfois si absent ? ». On pourrait le dire avec d’autres mots : « Dieu, pourquoi fais-tu le mort ? » Ce n’est pas Lazare qui fait le mort car il est bel et bien mort, il sent déjà. Mais parfois on a l’impression que c’est Dieu même qui fait le mort.

Mais devant les multiples souffrances d’une société qui est en train de s’effondrer, nous avons la conscience commune que nous devrions plutôt diriger un doigt accusateur envers nous-mêmes, êtres humains, et non pas envers Dieu. Car notre Dieu est miséricordieux. Il ne nous reprochera jamais : « Tiens, vous avez ce que vous méritez ! Vous moissonnez ce que vous avez semé ! »

Les catastrophes actuelles et futures ne sont pas dues au jugement de Dieu, mais sont plutôt notre propre jugement infligé à nous même ! Nous subissons des tempêtes que nous avons nous-mêmes déclenchées et Jésus dort dans la barque. Jésus est toujours présent dans la même barque. Il suffit de faire appel à lui, de le réveiller, de CROIRE en LUI.

Jésus dit à Marthe : « Crois-tu ? ». Pour redonner la vie à son ami Lazare, Jésus veut d’abord s’assurer de la foi de ses sœurs. Pour redonner la vie et l’espérance au monde, nous devons d’abord raviver notre foi.

Peu avant Pâques, Jésus demande à chacun de nous : « Crois-tu ? » pour qu’il puisse ouvrir les tombeaux et rappeler les cadavres moraux et spirituels à la vie.

Aujourd’hui Jésus dira aussi à Lazare, symbole de toute l’humanité : sors ! Sors du tombeau !

Jésus, ouvre nos tombeaux et fait revivre nos ossements desséchés ! Amen.

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