Homélie du père Benoît - Samedi 08 avril 2023

Sacré Cœur de Bordeaux, 8 avril 2023 

Quelle nuit ! La création se répète : un Big Bang. Une explosion de lumière au milieu des  ténèbres ! Une explosion d’amour dans un monde de guerres. La nuit de la nouvelle  création ! Et les 3 catéchumènes parmi nous, Anthonio, Blandine et Manon, deviendront  littéralement dans quelques instants de nouvelles créatures par la grâce de l’eau du  baptême. Ils deviendront des Chrétiens, vêtus de blanc, revêtu par le Christ. Quelle  merveille ! 

Ils font partis des 5.463 adultes qui seront baptisés cette nuit en France. Mille de plus que  l’an dernier, une augmentation de 28%. Quelle joie ! Quelle entreprise réalise pareil chiffre  d’affaires ? Humble gratitude car tout est grâce. Ce n’est pas notre mérite mais c’est le sang  du Christ et le sang des Chrétiens persécutés qui sont la semence de nouveaux Chrétiens. 

Cette nuit le Christ est ressuscité par la toute-puissance du Père ! 

Il y a deux mois, nous avons été témoins d’une des pires catastrophes naturelles du siècle,  le séisme en Syrie et en Turquie qui a fait plus de cent mille victimes, la moitié de la ville de  Bordeaux. Une image bouleversante a fait le tour du monde : un bébé a été sauvé des  décombres, un bébé nouveau-né encore attaché par le cordon ombilical à sa maman, qui  hélas, n’a pas survécu à l’effondrement de l’édifice dans lequel elle accouchait de son  enfant au moment du séisme. Cette maman est morte en donnant naissance à son enfant,  en le laissant entrer dans la lumière, en le délivrant.  

N’est-ce pas le même duel de souffrance et d’amour, de mort et de vie que la Semaine  Sainte nous a rappelé ? 

Jésus Christ est mort sur la croix et a été enseveli sous les décombres de pierres et de  rochers du tombeau en donnant naissance à la vie éternelle à chacun de nous par le  baptême, en nous laissant entrer dans la pleine lumière de la vérité, en délivrant les  catéchumènes des ténèbres et de l’esclavage du péché. 

Un synonyme pour accouchement est le mot délivrance. La fête de la Pâques juive est le  mémorial d’une délivrance. La délivrance de l’esclavage en Egypte passant par les eaux de  la mer Rouge. Préfiguration du baptême qui est délivrance de l’esclavage du mal passant  par les eaux du font baptismal. Notre cordon ombilical entre Dieu et notre cœur a été  coupé par le péché originel. Le Christ, par sa mort et par sa résurrection, rétablit notre lien  vital entre notre Créateur et le plus profond de nous-même. Nous venons d’écouter  Ezechiel : « Je répandrai sur vous une eau pure et vous serez purifiés. Je vous donnerai un  cœur nouveau et un esprit nouveau. Je changerai votre cœur de pierre en cœur de chair. » 

Dans l’office des lectures chanté merveilleusement en grégorien par mes frères prêtres hier  matin, saint Jean Chrysostome contemplant le sang et l’eau qui sortent du côté de Jésus  crucifié comme dans un cordon ombilical, écrit : « Vous avez vu de quel aliment il nous  nourrit tous ? C’est de ce même aliment que nous avons été formés et que nous sommes  nourris. Comme la femme nourrit de son propre sang et de son lait celui qu’elle a enfanté,  ainsi aussi le Christ nourrit constamment de son propre sang ceux qu’il a engendrés. »

2 

Pour cette maman morte sous les débris d’un édifice écroulé, comme pour chacun de nous et les milliers de victimes, les mots de saint Paul sont véridiques : « Si nous avons été unis  au Christ par une mort qui ressemble à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection  qui ressemblera à la sienne. » 

Quelle nuit ! Une nuit où comme au commencement, la lumière est à nouveau séparée des  ténèbres ; où le souffle de Dieu, l’Esprit Saint, planera à nouveau sur les eaux du baptême ;  où l’espérance brillera à nouveau comme les étoiles au firmament. Une explosion  d’espérance et de vie qui a désintégré la pierre qui verrouilla le tombeau du Christ en nous  laissant un tombeau vide. Le prisonnier a pris la fuite. Le Christ est ressuscité ! L’être  humain prisonnier et pris en otage dans le tombeau, la villa de luxe de monsieur mort a pris  la fuite, car libéré par la Vie, par Celui qui a dit : « Je suis la résurrection et la Vie ! » 

Cette nuit, nous sommes sauvés en espérance. Le Christ n’est pas venu enlever les  souffrances avec une baguette magique. Non, Il a vaincu le mal, la mort et les souffrances  en les assumant, en les prenant sur lui, en les consommant, en les transformant en amour  et par amour. Des mamans continuent à mourir de catastrophes naturelles ou de maladies.  Des enfants continueront à naître orphelins. 

Mais la résurrection de Jésus a mis une limite à toute forme de souffrance. Les portes du  ciel se sont ouvertes. La vie éternelle n’est pas un compte Disney mais du réel. On se  reverra au ciel et déjà en cette vie terrestre la résurrection du Christ nous comble de joie,  d’amour et d’une force qui vient d’en haut. Jésus l’avait expliqué et nous avait promis de  nous amener à notre destination au paradis. Mais aujourd’hui la promesse se réalise car  Dieu nous donne notre ticket en main. Un ticket qui ne sera jamais annulé par des grèves  ou des mouvements asociaux mais qui nous guidera, chacun de nous, à la plénitude du  bonheur. Oui, le Christ est vraiment ressuscité ! 

Quelle nuit !

Amen.